La chapelle de Basse-Vigneulles

09/01/2023 0 Par HP57PB38
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Extrait des cahiers de Louis KLECK

La chapelle Sainte-Croix de Basse Vigneulles.

  • Ce texte est extrait des cahiers de Louis Nicolas KLECK (1891-1969), Basse-Vigneulles. Rédigé en Allemand, il fut traduit par Erwin BOULANGER en 1965.
  • La chapelle Sainte-Croix    CC-BY-SA-4.0

     

On ne connaît pas l’ancienneté de la chapelle, sans doute celle du village. En 1950, au moment du décrépissage extérieur apparaissait à plusieurs endroits l’emplacement d’anciennes fenêtres. L’ancien niveau du plancher a été relevé afin de faire face aux inconvénients des inondations. Cette modification a sans doute été faite en 1705, date inscrite au dessus de la porte d’entrée.

En 1958, le curé Weiss projetait d’arracher les autels latéraux et de les jeter dans le bief du moulin (« Mühlegraben »), pour les remplacer en pierres d’Alsace. Un professionnel, qu’il avait fait venir lui dit : »Ces autels datent d’avant la guerre de trente ans et ont valeur d’antiquité ; on ne doit pas les arracher ». Il a donc fait changer uniquement les caissons pourris qui supportaient le plateau des petits autels par deux colonnes. L’autel des 14 Saints Auxiliaires (Nothelfer) a une valeur de 1 million A.F. Au-dessus un tableau de Saint Donat. De chaque coté deux petites statues, Sts Pierre et Paul. L’autel latéral gauche ne comportait en 1958 pas d’illustration centrale. L’alsacien SPINDLER de Boersch près du mont Ste-Odile confectionna un tableau pour 70.000 A.F. Au-dessus une image de Sainte Apolline et les statues de Sainte Anne et Sainte Brigitte. De 1866 à 1958 se trouvait là une bien trop grande Pieta qu’avait fournie ma grande tante Marie Anne Hopp, carmélite. Elle mourut en 1904 à Gembloux en Belgique, puisque les sœurs avaient été expulsées de France pour aller en premier lieu à Bex au bord du lac de Genève. Avant 1866 se trouvait là une petite Pieta en bois, qui est maintenant devant les 14 Bienfaiteurs. Cette statue se trouvait déjà dans la chapelle avant la guerre de trente ans. Un jour, alors que les habitants durent fuir dans la forêt pour éviter les Suédois, la dernière femme quittant le village courut encore vite chercher la statue à la chapelle. Puis elle rattrapa les autres, la Mère de Dieu sous un bras et tirant la chèvre par l’autre main. Jusqu’en 1870 une sœur enseignante de Peltre, qui s’occupait de la chapelle, mit la statue dans l’ancienne école et si je n’avais été là au moment du changement d’enseignante, ça fait plus de trente que la statue serait chez un collectionneur de Metz.

Les trois autels appartenaient au départ à l’abbaye bénédictine de Longeville et étaient donc une acquisition d’occasion. Le maître-autel a une valeur d’environ 3 millions A.F.

La pierre d’autel porte l’inscription :

+  M G Du  Cambou  +

Autel latéral droit. Photo, origine inconnue.

     Coislin epus

      Metensis 1707

+                                  +

De chaque côté de l’autel se trouve un reliquaire. Dans l’un se trouve une relique de Saint Franc Caraciola ; l’autre est pratiquement illisible. Les marches devant l’autel et la porte ont étaient fabriqués par le menuisier Nicolas Port, décédé le 30.7.1881, âgé de 76 ans. Les bancs ont été confectionnés par Joseph Vilm, mort le 14 sept. 1887. En guise de paiement il réclama juste les vieux bancs. Dans sa jeunesse il avait uniquement appris le métier de charron et plus tard il devint jusqu’à sa mort un vétérinaire si renommé que dans certains villages de langue romane on le considérait comme maître-sorcier. La toiture et les fenêtres ont été rénovées par le curé Petit en 1903. Lors du bombardement du pont par les Allemands le 16.11.1944 les vitraux volèrent tous en éclats et furent bientôt remplacés par les actuels.

A droite à coté de la chapelle se trouvait autrefois une petite maisonnette habitée par un ermite, le frère de la chapelle. Après la Révolution elle servait d’école jusqu’en 1840. Ensuite le berger l’habitait jusqu’en 1884. Elle fut finalement démolie pour faciliter la circulation.

Le 20 avril 1782 mourut ici le frère Joseph, âgé de 56 ans. Cette maison couvrait deux fenêtres de la chapelle.

La cloche de la chapelle pèse environ 100 livres et fut coulée en 1710. La fonte eut lieu à gauche de la chapelle, endroit nommé Brenn où se trouve actuellement la fontaine. A cette occasion le frère de la chapelle jeta 80 taler tous neufs dans la masse en fusion, ce qui représente 4 livres d’argent. La cloche porte les inscriptions suivantes :

« J ay pour Parain M. Hanry Ogy, curé de Dorviller et Bas vigneulle et pour maraine Catherine Viellem, fille du Sr Mathias Viellem, maire du dit Bas vigneulle. Je m’apelle Cattherine Hanryet 1710 ».

La marraine était une enfant de 8 ans. Le patronyme Villem a subi de nombreuses modifications pour être celui de Vilm aujourd’hui. Dans un des livres de la paroisse de Dorviller-Basse-Vigneulles, actuellement à Elvange est inscrit le contenu suivant :

« Ego infrascriptus antonius Rigault, sacerdos Congregationis missionis Domus metensis, testor omnibus me authoritate ilustrissimo  ac Reverend Dornin B. Georges Aubusson archip Ebrodunens Episcopi metensis mihi conessa absolutionem ab heresi Calvinistica Ilrico junsens helvetia impertinisse die Dominica prima adventus que fuit tertia Decembris hujusce  anni 1690 presentibus testibus infrascriptis in capella pagi dicti Basse Vigneulle ex parochia de Dorviller in cursu missionis quam ture temporis in predicta papa authoritate proedicta faciebanus  In cujus rei fidem hoc subsignanis has die sexta mensis

Decembris anni supra dicti 1690

A Rigott p r St dr

Congragationis mission

J. Simon Ploter conj missionis

 H. Ogi in Dorviller pastor.

La chapelle possède aussi une relique de la Sainte Croix, que le frère Jean a rapporté de Rome à l’occasion d’un pèlerinage. On ne sait plus si c’est depuis que la chapelle est dédiée à la Sainte Croix ou si elle y était déjà auparavant. La fête de la fondation de la Croix fut célébrée jusqu’à la deuxième guerre mondiale. Quand le curé de Dorviller en 1791 se réfugia au Palatinat, deux hommes décidèrent de sauver cette relique. Antoine Hopp partit à Dorviller pour se procurer à la cure le document qui authentifie la relique. Le cordonnier Louis Becker sortit la relique de la chapelle. Soigneusement enveloppée il la posa entre les plates coquilles d’une moule noire de rivière. Ils durent patienter plus de 10 ans dans cette importante et inconfortable situation jusqu’à une période plus calme. Le coquillage était caché dans une fissure d’un mur de la cave. Le document se trouve actuellement au presbytère de Haute-Vigneulles et dit ceci :

« A son Excellence Monseigneur l’Evêque et Prince de Metz »

« Supplie très humblement Christophe Renaudin, prêtre et Curé de Dorviller et bassevigneul, disant qu’il luy est venue de Rome par les mains sûres et non suspectes une parcelle de la saint Croix de notre Sauveur Jesus Christ pour icelle être exposé sur l’autel de ste Croix dans la chapelle de Bassevigneul vilage dépendant de la paroisse de Durviller, mais comme cela ne se doit qu’ensuite de la permission de l’ordinaire. Il plaise à votre Excellence reconnaître laditte Relique vue l’autentique y jointe en justifie la vérité permettre en conséquence de l’exposer sur led. autel dans laditte Chapelle de Bassevigneul à la vénération des fidèles les jours fêtes de ste Croix comme aussi au vendredy de chaque semaine auquelle jours se  dit ordinairement une messe fondée chaque semaine dans lad. Chapelle et ferez Monseigneur pour la plus grande gloire de Dieu.

Christophe Renaudin Curé de Dorviller et Bassevigneule

Vue la présente Requete et les lettres patentes en datte de Rome le4 mars 1743 et après avoir reconnu l’authenticité desd. lettres et la vérité d’une parcelle de la vraye croix de notre Sauveur enfermé dans un cristalle qu’on nous  a présenté nous avons déclaré lad. parcelle authentique avons permis en conséquence de l’exposer à la vénération des fidèles dans la chapelle de la bassevigneule village dépendant de la paroisse de Dorviller de notre Diocêse.

Donne à Metz sous le soing de notre vicaire général le vingt huit avril mil sept cent quarante quatre

Deslandes vicaire général

Par mandement     Ernest

Depuis la deuxième guerre mondiale la chapelle possède une deuxième cloche, mais elle n’est pas suspendue. Elle est posée au-dessus de la chapelle. Datée de 1862, elle provient de l’école de Haute-Vigneulles. Lorsque l’ancienne école y fut démolie elle fut rapportée à l’ancienne école de Basse-Vigneulles. Comme les enfants ne cessaient de la marteler, nous l’avons, mon frère et moi, entreposée au-dessus de la chapelle. Au moment du chambardement de novembre 1944 un projectile la perça d’un coté. Mais le son n’en est pas affecté, puisque la perforation n’a pas provoqué de fissure. On mit cette affaire sur le dos des Américains mais le mal était déjà fait avant leur arrivée.

Lorsque frère Jean en 1743 revint de Rome avec la relique de la Sainte Croix en 1743, il rapporta un objet pour lui qui devint plus tard la propriété de la famille Clausse et que je possède aujourd’hui : il s’agit d’une petite clochette en laiton. Le frère prétendait qu’elle avait la faculté d’éloigner le diable aussi loin que portait le son. Ainsi à l’agonie d’une personne connue on agitait la sonnette jusqu’à sa mort. Ma grand-mère l’utilisa pour la dernière fois à cet effet le 3 avril 1898 au décès de son neveu Théodore Clausse, âgé de 18 ans. Depuis elle ne sert plus qu’à annoncer l’arrivée de St-Nicolas.